ville memoire

Cinq ans après: j'erre sans but — ou sans m'avouer de but. Retrouver des chemins, des tours et détours familiers. Les restaurants sont vides et je m'y vois diner; les clubs à filles ne sont pas encore ouverts à cette heure, et j'y vois les minettes en doudoune racoler à l'entrée. Je les ignore avec ce même sourire goguenard.

Je n'ai pas retrouvé le marchand de grains de café, ni ces escaliers que je montais quatre à quatre, dans une autre vie. Ont ils été fermés, détruits, ou ma mémoire les a-t-elle remplacés, déplacés?

Et cette autre ville, cette autre rue où je faisais mes lessives, qu'en verrais-je après 10 ans? La couleur du trottoir, quelques facades - James Dean peint sur la tôle et la lumière du soir dans le petit magasin de disques. Ces images ne sont pas la réalité de cette rue: au mieux elles en sont un fragment, ou bien elles n'ont rien à voir, ou plus rien à voir, avec ce qu'un passant y verra.

Ce que l'oubli et l'imagination ne font pas, la ville japonaise s'en chargera. La ville-mémoire, vivante, faillible et farceuse, détruit, remplace, se perd et se réinvente.

olivier, lundi 16 juillet 2007, 18:26