Sexe, mensonges et superplatitude
Le premier regard porté sur Tokyo génère le plus souvent fascination et bouche bée, à peu près autant que le second regard, cette fois sur les blocs de béton hétérogènes et hétéroclites, suscite le doute. Tokyo, ville sans âme?
Dans le Tokyo détruit et reconstruit en permanence, mieux vaut ne pas chercher une quelconque part d'âme dans son architecture ou son planning urbain. Il vaut mieux chercher dans l'oeil du passant, il vaut mieux comprendre que chaque regarde croisé est un plongeon toujours plus profond dans l'âme de la ville.
L'erreur serait alors de penser que l'âme de Tokyo ne peut donc être qu'à l'image de sa (sous) culture, jeune et fatiguée, séculaire et superficielle, profondément traditionnelle et fortement influencée par le battage etasunien... Je passe sous silence le reste de la liste des clichés généralement épinglés, frustrants parce que forcément incomplets. Pour expliquer l'etat né de l'absence de culture, ou plutôt peut-être de l'absence de transcendance entre matérialité quotidienne et sphères intellectuelles et culturelles, on aura recours au neologisme cher au collectif Kaikai Kiki de Murakami: la culture a Tokyo est superplate, une toile tendue à l'extrème, sur laquelle s'ecrasent invariablement les influences, s'y étalent, mais ne pénètrent pas.
On aurait tort (encore!) de conclure à ce point que la société nipponne est toute entière lobotimisée, vouant un culte à la superficialité, à l'apparence, à l'immediat. Pas vrai. Au contraire, c'est peut-être dans cette nouvelle forme d'aculture que se trouve l'espoir pour une société qui ne peut plus compter sur sa classe politique, décrédibilisée à force de ne plus savoir mentir.
Mentir etait pourtant leur instrument de bataille de toujours, au moins depuis l'invention - et l'alienation - de la démocratie moderne. Ici comme là-bas, le recours à de piteux arguments (pour justifier là une guerre, ici l'adhésion à cette guerre, par exemple) sonne le énième glas de la democratie; les seuls qui tirent encore à peu près leur epingle du jeu sont les populistes de tout bord et leurs enormités. Le mensonge défie parfois les lois physiques : plus c'est gros, mieux ca passe.
La pop culture peut jouer un rôle important dans une hypothetique révolution democratique, si son processus de desacralisation s'applique non seulement à la production artistique et culturelle mais aussi aux artistes et intellectuels eux-mêmes. Si alors les lesdits intellectuels acceptent de quitter leur ghetto pour jouer leur rôle social, on peut entrer dans une phase d'intellocratie, généralement, historiquement, prémice ou indice de révolutions culturelles ou politiques (pas toujours glorieuses, mais c'est une tout autre histoire).
En résumé, mon vote va à DOB pour le poste de gouverneur de Tokyo. Et il a les dents longues.
olivier, mardi 25 mars 2003, 1:12
Avant/Après
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