All about… J'ai ouvert les rideaux et me suis laissé bercer par le soleil hivernal….
… À suivre
Salgado, tout cru
La destinée des hommes et des femmes est de créer un monde neuf, de faire ressurgir la vie, de rappeler que pour toute chose il y a une limite, une frontière, à l'exception des rêves qui permettent de s'adapter, de résister et de croire.
L'histoire est une spirale dans fin d'oppressions, d'humiliations et de dévastations. Mais elle montre aussi la capacité infinie qu'a l'animal humain de survivre. Dans l'histoire, il n'y a pas de rêves solitaires.
Sebastião Salgado impressionne: dès ses "débuts" en photographie on sent dans son travail une maîtrise désinvolte, presque ludique, de la technique photographique. Ce que l'immense majorité des artistes en photographie mettront plus d'une vie à peaufiner, Salgado prouve qu'il en a fait le tour dans les premières années de sa seconde et belle carrière (son passage de la première, en tant que bureaucrate économiste, à la seconde, en fera rêver certains...) et qu'il peut paisiblement passer à autre chose et se soucier de son projet humaniste plus que de la peccadille technique.
Jouer des cadres, des lignes, des symétries dans tous les sens (et tous les sens) pour porter un message somme toute assez simple ne suffit apparemment pas au brésilien qui semble se débarasser, au fil de son oeuvre, des considérations techniques (sinon esthétiques) pour se consacrer au sujet: l'Homme.
Après l'image, c'est au tour du sujet même d'être mis à nu. Choix certes discutable, mais efficace, de dire que l'Homme apparaît plus clairement à travers la survie des hommes, dans un dépouillement culturel - et graphique - de plus en plus cru, de plus en plus flagrant, de plus en plus touchant.
Qui osera se soucier de sa prime de fin d'année au sortir de Salgado?
Sebastião Salgado, "Essays", Musée de la photographie de Tokyo, jusqu'au 12 Janvier 2004
olivier, lundi 08 décembre 2003, 8:59