La Ville-Memoire
Cinq ans après: j'erre sans but — ou sans m'avouer de but. Retrouver des chemins, des tours et détours familiers. Les restaurants sont vides et je m'y vois diner; les clubs à filles ne sont pas encore ouverts à cette heure, et j'y vois les minettes en doudoune racoler à l'entrée. Je les ignore avec ce même sourire goguenard.
Je n'ai pas retrouvé le marchand de grains de café, ni ces escaliers que je montais quatre à quatre, dans une autre vie. Ont ils été fermés, détruits, ou ma mémoire les a-t-elle remplacés, déplacés?
Et cette autre ville, cette autre rue où je faisais mes lessives, qu'en verrais-je après 10 ans? La couleur du trottoir, quelques facades - James Dean peint sur la tôle et la lumière du soir dans le petit magasin de disques. Ces images ne sont pas la réalité de cette rue: au mieux elles en sont un fragment, ou bien elles n'ont rien à voir, ou plus rien à voir, avec ce qu'un passant y verra.
Ce que l'oubli et l'imagination ne font pas, la ville japonaise s'en chargera. La ville-mémoire, vivante, faillible et farceuse, détruit, remplace, se perd et se réinvente.
Avant/Après
Pendant ce temps là, à Golden Gai…
Juillet 2007. C'est la saison des pluies. Il y pleut assez peu, généralement, l'air y est juste humide. Et chaud. Et humide. Mais quand il pleut, alors, c'est une promenade sans autre bruit que le crépitement des parapluies et les hauts talons qui résonnent, dans des ruelles éclairées seulement par les reflet dans l'asphalte mouilée, croiser des gens pressés…
… À suivre
Jaume Plensa - Silent Voices
2007-08-04