Le monde est plat, la pente est rude
San Francisco, 7 Novembre 2011
À quel âge peut-on conclure que toutes les villes sont à peu près les mêmes, et qu'il ne sert vraiment à rien de voyager? Toutes ces grandes villes ont leurs échoppes aux mêmes enseignes, les mêmes exotismes culinaires, et trop souvent la même couleur de peau sur leur misère.
Londres (Brick Lane), le couple à la porte rouge
San Francisco, unique par sa topologie que déjà regrettent une paire de jambe bien mise à contribution. Son climat dont les caprices aussi bien que les habitudes détonnent dans cette vallée, et sous ces latitudes.
J'aurais dû deviner que JCVD serait une idole au Castro
C'est l'âge. Tous ces environ-trentenaires branchouilles, leurs pommes et poires illuminées aux tables patinées des cafés et leurs salmigondis vestimentaires s'adapteraient aussi bien au Shoreditch londonien qu'au Mile-End montréalais ou à leur habitat, ici, de la Mission.
La jolie femme enfoulardée a pris son café à emporter, finalement. Elle jongle difficilement avec sa tasse de carton, son bouquet d'iris et le dernier pavé d'Haruki Murakami. Je ne lui envie pas – il est sorti traduit en anglais partout en même temps, et je l'achèterai sans doute en ligne, sur un serveur américain, et il me sera livré depuis un hangar allemand. Je pourrais l'acheter dans ce petit coin de librairie sur Valencia, mais je manque de place dans mes bagages.
San Francisco, Proposition B
J'achète des chocolats à l´aéroport. Made in San Francisco. Je n'y crois pas une seconde. Par contre, je me souviens d'un petit magasin sous la gare de shibuya où l'on pouvait, moyennant tout son budget bouffe de la semaine, s'offrir un camembert croûlant comme là bas. M'en fous, j'ai beau être normand, j'aime pas trop le camembert.
Et puis… on trouve de la bonite séchée à Picadilly Circus.
Paris, Rue Arago
Un dîner entre émigrants récidivistes. Elle s'attriste de ne plus voir dans tout endroit qu'une fastidieuse liste d'avantages et d'inconvénients. Quand il n'y a plus que des possibles, s'attacher devient inconcevable. Et moi, je pourrais vivre ici, oui, sans doute. Ou peut-être pas, car à quoi bon revenir sur ce continent que j'ai quitté, trop vide, trop attaché au kérozène et à ses petits cousins. Le visage respectable de la drogue.
Tous ces polyglottes parlant aussi vietnamien à Santa Clara, chinois à Milbrae ou espagnol au coin de la 16è, se sentent-ils des racines ici, si c'est pareil qu'ailleurs? Les miennes sont presque une nostalgie, fantasmées, forcément fausses.
San Francisco, Jackson P. was here
À Paris j'ai fait trois petit pélerinages de consommateur: un parfum que de fortes têtes refusent de vendre hors les jardins du Palais Royal, du saucisson corse parce que cela reste raisonnablement introuvable, et un tour dans une librairie aussi discrète que ses voisins de cafés sont célèbres, parce que j'ai mes habitudes dans son étage où personne ne s'aventure jamais.
Ça reste de l'anecdote. L'authentique ne sont plus du ressort du lieu: les progrès de la logistique et des communications en ont presque anihilé la pertinence. Mais il reste de l'unique et du bizarre, des microcultures et des surprises, dans d'autres dimensions. Sur le net, peut–être. Éphémères comme une éclaircie sur le Golden Gate bridge.
Fleurs séchée sur un bord de trottoir. Mais où? Paris peut-être, mais je ne me souviens plus. CQFD.
Avant/Après
No Cars Go
2011-11-04
San Francisco
2011-02-12
Novembre 2011. San Francisco, dérive entre la Mission, Castro et Downtown. Là où le glauque n'est jamais bien loin du joyeux.
Dans les environs
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2011-02-12
Novembre 2011. San Francisco, dérive entre la Mission, Castro et Downtown. Là où le glauque n'est jamais bien loin du joyeux.
No Cars Go
2011-11-04