2 Neurones & 1 Camera

Olivier Thereaux

Sardaigne

Quitter la perfide Albion sous un temps presque caricatural: trombes d'eau et pénombre sans fin.

Au lever du soleil, l'approche des dunes à travers la forêt de cyprès et Eucalyptus, l'odeur de résine et de menthe et de citron vert omniprésente. Au firmament: Vénus, Jupiter et Sirius brillent de toute leur superbe sur les vagues qui s'écrasent de fatigue sur les premiers mètres de plage. Les vagues se font plus pressantes, les grillons et oiseaux plus présents. L'astre du jour fait une première apparition presque timide. L'odeur de la forêt nous appelle à l'heure du café.

Espresso. Forcément.

La vie ralentit. On s'imagine l'espace d'un instant ne jamais repartir, vivre ici, mais l'idée est incongrue, vite chassée par la certitude que certains climats se prêtent au repos et au ressourcement, d'autres à l'industrie. Ainsi va le monde.

Bientôt il faudra reprendre la route. Ré-apprendre à conduire à droite après une grosse décennie du "mauvais côté". Naviguer ce territoire d'ocre et de verdure âpre de survie, se demander encore si tous ces eucalyptus se sont retrouvés endémiques par mégarde, une plantation mal réfléchie, un feu de forêt ou deux, que ces arbres aiment tant, ces phœnix des antipodes.

C'est que les routes sont traîtres ici. Pas à la Corse —pas de voie étroite au flanc de falaise, pas de passage serré entre ravin et rocher, mais une tendance à la signalétique approximative, et aux conducteurs vite enragés par quiconque oserait ne serait-ce qu'un petit kilomètres de lacets respecter le code de la route et les limites de vitesse.

L'effort en vaut la chandelle: Oliena nous encadre de montagnes, nous borde d'oliviers et de vignes, et dans un milieu de nulle part réparateur résonnent aux coins de la vallée cloches de moutons et miaulements plaintifs des locaux de l'étape, deux chats qui ne nous lâcheront pas d'une semelle du café de l'aube au vin du crépuscule.

D'une côte à l'autre pour échantillonner les villes de l'île.

Bosa et ses explosions de voix portées par l'air brûlant.

Des enfants libres de patrouiller les rues mal pavées en cortège de vélos criards.

Un ou deux groupes de touristes allemands, des écouteurs très "Walkman années 80" vissés sur la tête, écoutant bons élèves leur guide dérouler les pires clichés des voix allemandes et italiennes en un package de décibels immanquable.

Des maisons surtout vides; à vendre. Beaucoup de chiens et de chats.

Une table de marbre ou poser sa tasse de café —à peine plus grosse qu'un dé à coudre, et couronnée de crema déjà sèche— en un "clic" satisfaisant.

À Cagliari, marcher pieds nus sur un carrelage du 15ème siècle, regarder se coucher que regardaient sans doute les Nuragiques de l'âge de bronze.

Il fait encore 29 à l'ombre. Pourtant la ville est déjà bien vidée de ses visiteurs, alors même que les journées deviennent vaguement vivables.

Un dernier verre et il faudra rentrer. Alors on trinque au soleil, et à la lessive qui nous attendra de l'autre côté du dépaysement.

Avant/Après

Brighton Dérive

2023-06-03

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2015-01-11

Même après une poignée d’années, l’hiver britannique reste une épreuve. Le fantôme de ce moi passé que ce crépuscule permanent avait rendu malade me hante.

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Chiuso Per Ferie

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