De l'interet du gribouillis dans la poursuite de soi
De l'avant
Que fera un enfant de la montagne, souffrant, au sommet, du vertige? Plutôt que de s'empêcher de regarder ou que ce soit - ce qui l'amènera tôt ou tard sinon à la chute, au moins à mourir de froid ou d'ennui - mieux vaut encore s'attaquer à la pente, la dévaler, trouver dans le mouvement fluide de la descente un semblant d'équilibre que le vertige empêche.
Mes souvenirs de théorie de la dynamique honteusement lointains ne sauraient valider l'idée d'un équilibre défini plutôt par un équilibre des tensions plutôt qu'une absence - stable - de mouvement, mais l'idée me correspondrait assez bien; agréablement assis où d'autres se verraient tiraillés, équilibrant les tensions de mes envies en un avant toute - chute perpetuelle -.
De l'avant, donc, mais de quelle manière? Sauts de puce ou traînée infatigable? En un sens, je suppose, quiconque, à mon instar, se définit comme plus intéressé par la découverte que le perfectionnement devrait choisir la puce. En surface au moins.
Ainsi le fait que je me promène à Boston et Montréal, que pourtant j'aime tant photographier, avec en tout et pour tout un rouleau de film, dans l'espoir de consacrer ce voyage au croquis pourrait paraître comme un abandon de la photo pour les horizons plus neufs du dessin... Plus créatifs aussi.
Suite et Série
Mais si l'évasion, toute relative, est évidente, son objectif l'est bien moins. Cet engouement tout neuf pour le dessin, qui ne manquerait certainement pas d'étonner quiconque m'aura connu plus jeune, a une origine très pragmatique: au cours de la confection du livre sur lequel je travaille, il fallut, comme pour toute série photographique, choisir un ordre aux photos. La série est en effet plus que la simple suite, chaque nouvel élément s'ajoutant au passif, à la somme émotionnelle ou narrative des précédentes (Voir la distinction suite/série en Mathématiques, d'où je tire probablement ce concept).
Il me fallait donc trouver une histoire à faire raconter à mes photos, ce qui ne fut pas difficile, puisqu'il me suffit de reprendre les notes gribouillées lors des séances de prises de photo, mais il fallait aussi organiser les photos de manière à leur faire dire cette histoire, tâche largement moins triviale...
Vite lassé de farfouiller dans la pile de photos que j'avais préselectionné et fait imprimer, je me resolus, malgré une effroyable nullité en ce domaine, à les dessiner. Au crayon, stylo, aquarelle, peu importe vraiment sinon de dessiner.
Ce que je fis consciencieusement, et dessiner devint très vite un précieux auxiliaire à la compréhension esthétique et graphique de mon propre travail de photo. J'ai beau avoir pour politique de beaucoup marcher avant de réfléchir, de beaucoup réfléchir avant de prendre quelque photo et de prendre peu de photos avant de reprendre la marche, l'acte photographique est bourré de choix subconscients, tout comme l'est le travail posterieur de sélection et d'édition.
Cette approche détournée me permet ainsi de mieux comprendre les structures, les associations, les goûts, et donc les choix esthétiques subconscients. Je peux, ainsi, mieux en jouer, utiliser mes choix et mes goûts dans une entreprise plus narrative que simplement descriptive.
olivier, samedi 15 mai 2004, 12:42
Avant/Après
Une simple remarque aura suffi au fascinant James (aidé en cette tâche par le très intéressant numéro de "Art It" sur la photo au Japon) pour me bourrer la tête de questions sans fin - tant et si bien qu'il me faudra sans doute lire beaucoup pour les dissiper, à commencer peut-être par Barthes et "Camera Lucida".
… À suivre
3x4=12 Le secret de la saison des cerisiers en fleur au Japon, début Avril, est de ne pas essayer de les prendre en photo: se faire pietiner par tous les autres photographes - de semaine ou du dimanche -, sans la moindre garantie de prendre un cliché même potable de ces bestiaux en contrejour, alors que quelques millions de…
… À suivre