Reykjavik
Juillet 2019. Publié: Dec 2019
20 ans plus tard, et je m’aperçois que ne me souviens presque pas de Reykjavik. Autant le paysage depuis l’aéroport de Keflavik m’est vaguement familier, autant je découvre comme une première fois cette ville éclectique.
Les rues pointillées de bars, de bijouteries, de magasins de souvenirs. Pas le moindre souvenir. La topologie même, du port aux rues en pente semblant toutes mener à Hallgrimskirkja? Comme si je n’y avais jamais mis les pieds. Peut-être même est-ce le cas. Je me souviens plutôt bien d’une chambre d’hôpital.
Tout le monde parle parfaitement anglais, et j’ai parfois des doutes sur l’origine des gens croisés de boutiques en cafés — et à vrai dire peu importe s’ils sont Islandais pur jus: si les sagas m’ont appris quelque chose, c’est d’exil en accueil, cette île est depuis un millénaire un lieu de passage, de choix. ET pourtant, lire dans le Reykjavik Grapevine les témoignages de non-européens échoués contre une politique migratoire sévère, malgré une forte demande de main d’œuvre qui peine à trouver réponse parmi les locaux.
Dans un coin de café j’écoute les conversations; quelques mots d’islandais à la caisse, dans un océan d’anglais aux accents divers.
Le chauffeur de taxi a un fort accent américain, teinté de consonnes bien islandaises. Il compare les hivers à Reykjavik à ceux de “Winterpeg” et du Minnesota, où, il n’en revient toujours pas, d’aucuns passent les quatre saisons en shorts et claquettes, par principe.
C’est le vent, dit-il, le vent qui gagne toujours. Il fait rarement moins de -12C à Reykjavik (honnête, cela dit, mais timide comparé aux -30 ou -40 de Montréal, pourtant sur une latitude bien plus méridionale) mais le vent, ici, est féroce.
Plus tard, j’apprends que la divinité de la pluie, qui nous pisse gentiment dessus, se nomme Frey. Il est au panthéon local le représentant de la virilité, et le frère jumeau de Freyja, qui elle se coltine la guerre et l’amour, le sexe et la sorcellerie. Il a raté son héritage, le frangin.
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