"Design Festa", pas "Art Festa"
Bras dessus, bras dessous avec ma belle, je suis alle samedi jeter un oeil a ce qui se targue d'etre le plus gros evenement artistique du pays : Design Festa.
Le concept, expliqué par la créatrice de l'événement, et fondatrice de la galerie eponyme a Harajuku, est relativement simple : ouvrir un espace d'exposition à très bas prix, sans selection, et ainsi contrer la difficulté qu'ont les artistes tokyoites (très actifs et nombreux) d'être vus. A moins d'être très connus (ce qui n'arrive semble t-il qu'aux artistes d'abord partis se faire un nom à l'etranger) ou prets a payer gros, il n'y a en effet guère que les cafés (comme quoi, mon idée est loin d'être saugrenue) pour accueillir les artistes fauchés en quête d'un peu de lumière.
D'oû l'intérêt de Design Festa, ou, plus modestement, du fascinant ActBox, un magasin d'Ebisu qui loue de tout petits emplacements pour artistes et artisans, leur permettant de vendre leurs (petites) production sans tout le fardeau administratif et financier d'avoir leur propre magasin.
En pratique? Quelques perles de "happening", ici une jeune femme, en habit traditionnel et dans un decor soigné, calligraphie sur un papier sans fin; là un homme voil´ de noir, un globe terrestre sur la tête, dans un numero de danse me rappelant furieusement une scène du "Big Lebowski"; un grand gars se laisse écrire dessus par qui le désire; un défilé de, euh, "mode"... Mais la grande majorité de l'expo, enorme au demeurant, c'etaient des magasins de bijoux ou de t-shirts. Pas mal, pour certains, mais trop, beaucoup trop, de tout et de n'importe quoi.
On aura beau me dire que le design est une forme d'art consumeriste, j'aurais probablement aimé un peu plus d'art et un peu moins de consumerisme, un esprit plus "crea" que "foire aux puces" : Design Festa gagne, à mon avis, son independence (l'événement est autofinancé) au prix de son ambiance.
Tout ceci rejoint, au passage, les discussions que j'ai eues recemment avec mes proches, et ma conclusion que l'art à la fois libre, indépendant et autofinancé est un accident, les rares chanceux qui y parviennent contribuant à la construction du mythe...
Tout cela, ainsi que mes récentes rencontres blogguesques, me donnent très envie de reprendre la reflexion sur un projet laissé au placard faute de temps. La mode actuelle des blogs tire son essence d'une diminution radicale du coûts de l'ecriture : l'hebergement web, ainsi qu'une bonne connexion au net sont tombés à un prix raisonnable, et des outils comme Movable Type rendent le processus techniquement et administrativement très léger... On n'est pas tout à fait au stade de l'ecriture (et de sa diffusion) libre(s) mais on s'en approche enormement, et c'est ce qui fait, pour moi au moins, le charme du blog (beaucoup plus que l'effet réseau).
Si l'on arrivait à étendre ce modèle à d'autres productions artistique, en gardant le même media mais en adaptant la plate-forme de publication à d'autres formes d'expression que l'écriture, on pourrait s'approcher du très conceptuel "free art" (art libre et gratuit... Il faudra que j'en ecrive le manifeste un de ces quatre, ca en jette les manifestes...)
Pour revenir à nos moutons... Je ne suis pas reparti de Design Festa avec le chapeau tête-de-lapin rose et blanc (dans ce genre) qui me plaisait tant, ma chère et tendre m'ayant convaincu qu'il allait mieux à l'adolescente japonaise qui lorgnait dessus elle aussi ("à cause de ses cheveux longs"). Je suis donc reparti avec mal aux pieds et les signes avant-coureurs d'une petite ronchonnite. Mais l'effort vaut qu'on le soutienne, et je reviendrai l'an prochain, en sachant, cette fois, à quoi m'attendre.
Note : Je n'ai pas pris de photo, mais Paul en avait pris pas mal durant la précédente édition.
olivier, lundi 21 avril 2003, 14:48
Avant/Après
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