Commuter Blues
Mars 2017
Deux heures porte à porte. Une folie.
Chaussures, manteau. Fermer la porte, descendre les escaliers.
La ruelle moche qui cache si bien notre cocon. Les camions qui se précipitent à la sortie du grossiste de la construction. Casque sur la tête, nez au sol. Jouer au crapaud avec les voitures négociant avec ou sans clignotants, c'est selon, le rond-point à l'entrée des supermarchés. Une autre traversée, sur les clous cette fois, et cette constante surprise de voir les automobilistes s'arrêter pour me laisser passer.
La rivière, Elle est haute: surprise. Elle est basse: surprise. Je ne comprends visiblement rien aux marées.
Les pavés qui me trahissent quand je traîne bagage, mais le matin ils sont mes complices. À part cette fois où il avait gelé. Sans rancune.
Rue piétonne, le bistro s'éveille. Le pont, la rivière, le boulanger et les arômes pugilistes de ses bâtons au fromage. les petites rues aux trottoirs dérisoires.
La gare. L'attente pudique sur le quai, on fait semblant de ne pas se voir, à l'exception peut-être d'un hochement, un sourire au plus pour les habitués de l'avant du train. Monter. Deuxième wagon, pour avoir un siège et pouvoir bondir à l'arrivée.
Le long des rails respire - blanc de givre, gris de pluie et de brouillard. Bocages, collines, quelques animaux en pâture, parfois un matinal avec son chien sur les chemins de randonnée. Sourire parce que c’est un peu à moi, tout ça, et d’ailleurs il n’y a jamais de réseau par ici donc autant regarder le paysage.
Survolé en low cost. Pas d'arrêt à l'aéroport, en général. Et puis, moche et chiante, la grande banlieue. Une verdure que nous, dans notre train d’élitistes masochistes, savons mensongère.
Enfin la centrale de Pink Floyd, toujours sans cochon, hélas. Bondir, rejoindre la rivière misanthrope, se faufiler, trouver l'entrée quasi-secrète, les escaliers, le quai. Bondé aux mauvais jours. Un metro ou deux passent.
Pousser, s'excuser si besoin, tordre le cou pour ne pas donner victoire, ce matin encore, à la guillotine des portes de la ligne Victoria. Ne pas penser à tout cet espace libre au milieu du wagon. Une station ou deux, et il se videra.
Sortir, grimper les escaliers plutôt que faire la queue, aussi pour se convaincre que le dioxyde d’azote local ne s'efforce pas de vous trancher quelques minutes d'espérance de vie à chaque jour qui passe.
Bip. Saluer, sourire.
Café.
Deux heures porte à porte. Une folie.
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